En revanche, il nous propose de partir 2 jours avec un jeune Cambodgien étudiant qui connait bien la région et de dormir dans sa famille au village où vivent certaines minorités ethniques.
Nous partons donc en compagnie de Manu et d'Isaac notre guide improvisé.
Le soir, nous arrivons dans ce qu'on peut appeler le fin fond du Cambodge!
Le village est minuscule et contient quelques huttes en bois ou en pailles, d'autres sont seulement recouvertes d'une bâche en plastique.
Ici c'est un autre monde, un autres temps. Nous avons l'impression d'avoir fait un bond de 100 ans en arrière.
Nous arrivons chez nos hôtes. La grand-mère d'Isaac nous reçoit avec un grand sourire. Elle a 90 ans, un petit bout de bonne femme infatigable qui s'affaire sans cesse dans ses tâches quotidiennes et qui me fait étrangement penser à ma petite mamie...
Les 2 petites sœurs d'Isaac quant à elles battent le riz au bâton avec une aisance incroyable pour leur âge.
La famille vit dans des conditions moyenâgeuses. Il n'y a pas d'eau, pas d'électricité,ils ont juste une hutte en bois qui les protègent de la pluie en guise de maison.
Nous cuisinons les ingrédients que nous avions achetés préalablement à la lampe de poche et au feu de bois dans la bonne humeur.
Manu avait également amené une boîte de cassoulet et une bouteille de vin rouge qu'il tenait à partager avec des locaux. Malheureusement, ni l'un ni l'autre n'aura beaucoup de succès auprès de nos hôtes ;-)
La cousine d'Isaac nous rejoint avec son mari et son fils. Elle s'appelle Dannie et parle parfaitement l'anglais car elle a eu la chance d'aller quelques temps en Malaisie quant elle était plus jeune.
Cette cousine m'a vraiment touchée. Nous avons longuement discutée ensemble pendant cette soirée et j'ai vraiment ressenti une réelle injustice. Dannie est une personne très intelligente qui rêve de pouvoir travailler, mais elle ne peut pas car il n'y a pas de travail et de toute façon, son mari ne comprend pas son souhait. Il n'y a personne d'autre qu'elle pour garder ses enfants et elle a 6 soeurs qu'elle doit aussi aider.
Elle est très lucide sur la situation de son village. Elle me dit qu'ici il n'y a pas assez d'éducation. Les enfants vont à l'école 2H par jour mais n'apprennent rien car les professeurs ne sont pas qualifiés. Du coup, les jeunes filles se marient souvent très jeunes (parfois vers 13 ou 14 ans) et ont des enfants qui reproduiront la même chose. Pour elle ce qui est important c'est le savoir, la connaissance, mais dans son village c'est impossible d'en acquérir.
Elle voudrait qu'une vraie école se créée, elle souhaiterait ouvrir une ONG, elle a même quelques contacts mais son mari ne l'autorise pas...
La seule ressource qui existe dans le Ratanakiri pour le moment c'est le bois. Là aussi Dannie est lucide, peu à peu le bois disparaît, la déforestation va bon train et déjà aujourd'hui certains villageois ont du mal à en trouver... Elle sait qu'il faudrait là aussi apprendre à la population à replanter mais là encore, il n'y a pas d'éducation.
Quand je pense à elle, je ne peux m'empêcher de ressentir un grand gâchis et une grande impuissance à ne pouvoir l'aider. C'est une personne d'une richesse incroyable mais qui n'aura peut-être jamais l'occasion d'exploiter ses capacités et ses connaissances. Sa motivation et sa soif d'apprendre resteront sûrement enfouis quelque part au fin fond du Cambodge.
Notre guide Isaac au milieu et Manu:
Notre "home stay":
La grand-mère:
Les petites soeurs battent le riz
Cuisine au feu de bois
Toute la famille
0 commentaires: